Brève de train
Métro,
Perdu dans un monde ou la destruction d'un anneau est un enjeu capital, je lève les yeux car vient de s'assoir une inconnue face à moi. Le métro serpente dans les profondeurs de la capitale et les odeurs d'humain se mélangent à celle de la terre bitumée.
Son regard est celui d'un ange. Ses lèvres ont les contours du paradis alors que son corps est celui de la femme fatale. Elle est sucrée, salée, ange et démon. Elle est tout cela, tout à la fois.
Les aventures de Frodon Sacquet m’indiffèrent aussitôt et pourtant je baisse mon regard dans les profondeurs du livre. Parce que sa beauté m'envahit. Et puis, elle sent si bon.
Arrive alors ma station et je me lève. Je ne peux m'empêcher de lui murmurer :
« - Excusez-moi de vous déranger mais vous êtes d'une beauté incandescente ! »
Elle est gênée mais me sourit comme pour me remercier. Et je m'empresse de me tenir face aux portes qui bientôt vont s'ouvrir.
Elle vient vers moi. Nous nous regardons pendant que le métro ralentit puis s'arrête. Nos regards bouffis de désir en silence hantent toujours ma mémoire encore aujourd'hui.
Les portes s'ouvrent et je me glisse dehors. Puis elles se referment et puis je me retourne pour l'admirer une dernière fois. Elle est toujours debout et me regarde toujours. Elle dit quelque chose que je n'entends pas....
Et le métro démarre pour disparaître dans un trou béant à la recherche d'une nouvelle station...
Acte manqué ?
Moment d’éternité ?
(Petite histoire d'il y a plus de 10 ans)